Dernier-né, tard-venu des arts, le cinéma doit à sa qualité d’art mineur, ou populaire, la vitalité et la vivacité qu’il paye d’une certaine réputation de vulgarité. C’est pourquoi son univers ne relève ni de l’anthologie, ni même du musée imaginaire, qui consacrent les activités depuis longtemps embaumées en chefs-d’œuvre, mais plutôt du florilège — pour ses séquences les plus dignes d’être remarquées — et de l’album de portrait de famille — pour ses acteurs et ses personnages momentanément les plus célébrés — où chacun est représenté dans ses activités les plus caractéristiques. Malgré tout, ces attitudes semblent à la fois inspirées par de plus vénérables antécédents artistiques, enracinées dans une culture qui précède de loin l’invention technique, et inspiratrices de comportements sociaux tout à fait usuels et débonnaires, que chacun peut rencontrer dans la vie courante. Parce qu’il s’origine dans la tradition de la fiction, et se prolonge dans les ritualisations de la vie quotidienne, le cinéma est un objet privilégié pour le développement d’une sociologie des circulations culturelles.