En composant « Le temps des cerises », Jean-Baptiste Clément (1837-1903) eut-il le pressentiment d’offrir à ses contemporains, et aux générations suivantes, une occasion de rêve plus efficace et, surtout, plus durable, qu’il ne leur en obtenait en militant pour l’amélioration de leur condition sociale ? « Quand nous en serons au temps des cerises sifflera bien mieux le merle moqueur... » Là où la doctrine trébuche sur des entraves, le songe établit un Eden propitiatoire. Jacqueline Haley, petite-cousine de Clément, transfère dans la poésie, en héritage imaginatif, ce don de sublimation. Pour son usage, et pour celui de ses lecteurs, elle instaure « Le temps des chimères ». Chacun, par attrait sentimental, spirituel ou esthétique, tentera d’émigrer avec elle, soit pour fuir les contingences, soit pour annexer un paradis à la vie...