Jean-Max Tixier tente d’affronter, à l’intérieur des mots, une neuve lumière. La parole semble hésiter, car le poète craint la force, la fougue de ces mots concrets qu’il faut fluidifier, apprivoiser, offrir dans leur vérité première. Au passage, apparaît “la solidité d’une parole immobile” et la conquête du paysage qui, en retour, va offrir ses mythes, ses minéraux, ses eaux surtout, qui peuvent diluer la nuit, promettre délivrance. En prose élégante et sobre ou en vers ramassés, chaque poème apparaît comme l’élément d’une lente conquête, la facette d’un regard multiple. L’inquiétude n’est pas absente, mais la sérénité triomphe. C’est au hasard des empreintes, des traces, des mouvances secrètes, des rapprochements inattendus, que le poète apporte ses meilleures offrandes. Sa prudence devant les choses, ses hésitations sur les seuils, ses frémissements inquiets au bord de la certitude et, soudain, cette chaleur liquide, cette confiance envers le langage, cette manière de faire du mot la chose — et de la chose le mot — montrent un marieur de vérités.