Michel Valdrac, avec « L’autre visage », nous séduit. L’inquiétude sourde, l’obscur climat du fruit défendu, est ici rendue avec une grâce poétique évidente. « Dans la forêt sonore, une voix m’appelle près des racines... » C’est celle du rêve - ou du génie taciturne - vêtu d’un sombre manteau, du visiteur qui pénètre l’antre. Que les captifs du miroir soient délivrés de leur géhenne par d’étranges rites, le moment s’éternise. Avec les « fiançailles du vent » la dualité est plus claire, c’est l’écho d’un désir qui se transforme déjà peu à peu ; c’est l’ambiguïté de l’homme et de la femme dans le même personnage, l’un cherchant l’autre, sans jamais l’atteindre étant rivé à l’image fatale d’un reflet. Titania est la délivrance mais, encore sous l’aspect d’une déesse, elle subira le charme du pâtre et son emprise, tandis que, stupéfait, ne pouvant répondre à son baiser, il reste muet. Elle repart délivrée à jamais. L’ogre charnel est anéanti par l’enchantement, mais ne lui enlevons pas son fascinant prestige nourri d’obstacles. De cette lisière entre la nuit et le crépuscule, le sphynx a dû dormir. Valdrac a surpris, là-bas, des lueurs insolites.