Le poète convoque l’amour, la mer et l’imaginaire ; il célèbre ce que nous donne le monde, dans la joie de vivre grâce à l’aimée, et offre le tout au Très-Haut. Le « vous » adressé à Ève, crée un rituel, mais si sa beauté se croque avec gourmandise, la femme reste en même temps « cathédrale ». L’écriture, elle aussi, brûle comme l’amour, comme la Foi. « Amour de l’amour, amour des mots d’amour ou seul amour des mots ? » interroge avec malice Yves Rajaud, comme pour brouiller les pistes. Il précisera, afin de vaincre l’inquiétude à l’avance : « Si les amours finissent, les mots ne meurent pas ». Pour lui, l’amour demeure cette « sentinelle du monde », là même où la Terre disparaît. Dans ces poèmes en prose détendus, adorants, riches d’images qui rejoignent souvent celles des livres sacrés, Éros reste très prégnant, comme la communion avec la Terre, la mer, l’art, les lieux symboliques. Une force est confiée par l’amour au poète, autant qu’au croyant (« je ne sais pas cesser d’aimer »). Mais, de Dieu, a-t-on des preuves ? Réponse superbe du poète :« Personne n’est jamais revenu du mystère. »