Un tabouret et mille femmes sont pris en photo. Eh oui ! en français, le masculin l'emporte sur le féminin même lorsque des humaines côtoient des objets ! Cette logique tordue n'est pas intrinsèque à la langue française. Elle est le fruit d'une lutte menée aux 17e et 18e siècles contre le féminin - et contre les femmes - par les « autorités » linguistiques.En effet, dans le passé, on accordait une phrase selon le genre du mot le plus proche (accord de proximité). Ainsi, des hommes et des femmes pouvaient se montrer généreuses. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, puisque le masculin, en tout temps, doit l'emporter. Cette supériorité du masculin, rendu prétendument générique comme dans l'expression « droits de l'homme ». Relèverait du « génie » d'une langue délibérément sexiste, et pas seulement sur le plan grammatical... Des mots comme autrice, professeuse, philosophesse et capitainesse ont été relégués aux oubliettes, car les femmes n'étaient pas aptes à exercer de telles fonctions, seuls les hommes le pouvaient, prétendait-on. On a donc décrété que ces mots devaient disparaître, effaçant ainsi de notre histoire les femmes qui osaient penser. Créer et agir. Depuis, on ne cesse d'inventer de nouveaux mots féminins, comme auteure et professeure, pour décrire la réalité telle qu'elle est au grand dam des académiciens-cerbères de la langue qui résistent à la féminisation de toutes leurs forces en déclin.Comment écrire et parler de façon non sexiste ? Michaël Lessard et Suzanne Zaccour proposent différentes façons de le faire, évaluant les avantages et les inconvénients de chacune d'elles. Leur livre n'impose pas une règle grammaticale. En fait, il est une invitation à apprendre, à désapprendre, à critiquer, à discuter et à oser se lancer à la recherche de la langue des femmes. En outre, la réhabilitation du féminin a également comme fonction de développer une langue moins genrée qui prend en compte les personnes qui ne s'identifient pas au féminin ou au masculin.