Il y a des similitudes étonnantes qui mettent le discours islamophobe contemporain en résonance avec l'antisémitisme, c'est-à-dire avec la judéophobie. Les judéophobes les plus acharnés ne nient-ils pas jusqu'à l'existence même de l'antisémitisme qui ne serait à leurs yeux qu'une fabrication culpabilisante à propos de persécutions tout à la fois imaginaires et méritées ? Illustration parmi tant d'autres de la parenté entre islamophobie et judéophobie – la question juive hier et celle de l'islam aujourd'hui – sont des lieux privilégiés du « délire idéologique » raciste. On ne saurait donc appréhender la réalité de l'islamophobie actuelle sans passer par le détour de l'antisémitisme.Omniprésente dans le discours public et dans les politiques de l'Etat, l'islamophobie est exacerbée par les crimes réels commis au nom de l'islam par une nébuleuse de groupuscules et d'organisations directement ou indirectement manipulées par des Etats. L'islamophobie constitue-t-elle une mauvaise réponse à une bonne question ou n'est-elle pas, comme sa soeur jumelle, la judéophobie, la résurgence d'un virus social dont la nocivité est notoire et qui opère désormais à l'échelle mondiale ?Certes, comme tout parallèle, celui-ci a des limites. Il ne s'agit pas ici de poser une équation entre la situation des musulmans d'aujourd'hui et celle des juifs d'hier, mais entre deux délires racistes qui fonctionnent de façon identique. Il ne s'agit pas seulement de protéger les musulmans et de s'opposer à la guerre des civilisations par la recherche d'un nouveau non-alignement. Ce qui est au centre des préoccupations de l'auteur, c'est le caractère même des sociétés que le racisme gangrène en menaçant la vie commune.