La crise des mouvements syndicaux québécois et canadien est profonde. Le taux de syndicalisation dans le secteur privé est tombé à 16,1 %. Les droits syndicaux dans le secteur public sont devenus plus formels que réels. Le patronat et les gouvernements sont partout à l'offensive, exigeant des concessions et les obtenant souvent sans trop rencontrer de résistance. La survie des organisations syndicales est devenue plus importante aux yeux de leurs dirigeantes que la défense des intérêts des membres. Les liens entre l'entreprise et les syndicats sont désormais étroits, particulièrement depuis la création de différents fonds syndicaux d'investissement. La démocratie dans les syndicats laisse beaucoup à désirer ; la base syndicale est démobilisée et démotivée. La solidarité entre syndicats est faible, tout comme celle entre le mouvement syndical, les autres mouvements sociaux et la masse des salariées non syndiquées. L'action politique des syndicats se limite généralement à des gestes symboliques d'appui à des partis ou des candidates qui, en pratique, acceptent et même promeuvent le néolibéralisme. Il y a, bien sûr, des exceptions dans ce sombre tableau, mais elles sont rares. D'où la question posée par David Camfield : existe-t-il encore aujourd'hui au Canada et au Québec un mouvement ouvrier ?A partir d'une analyse du mouvement de la classe des salariées et de son développement historique, David Camfield ausculte son état actuel, caractérisé par sa faiblesse et son incapacité à améliorer de façon importante les conditions de vie et de travail des salariées. De la structure de ses organisations à ses activités et à son idéologie, le mouvement a besoin d'être réinventé. Il ne s'agit donc plus de réformer le mouvement syndical, il faut aller plus loin. David Camfield propose une façon novatrice d'atteindre cet objectif, offrant ainsi aux salariées, plus particulièrement aux syndicalistes, une réflexion salutaire.