C'est à huit heures que, ce matin-là, Erik Botvik commença son observation à travers le fin voilage de la fenêtre, qui atténuait la pâle lumière venant de la rue. Installé au milieu de sa chambre, dans un fauteuil de bridge, il braqua sa paire de jumelles sur la façade du Spitzberg-Hôtel et, plus précisément, sur une fenêtre dont l'épais rideau venait d'être tiré. (...) Erik Botvik se dit qu'il n'était pas très plaisant d'être le correspondant permanent de la CIA à Tromsö, ce petit port situé tout au bord de la Norvège, et où il ne se passait jamais rien, mais qu'une mission de surveillance comme celle qu'il assumait présentement, était des plus déprimantes : rien d'autre à faire qu'à suivre l'activité (ou plutôt l'inactivité) de ce banal et corpulent homme d'affaires autrichien, venu de toute évidence dans la région pour se reposer...