Rudolf poussa un hurlement. L’ongle de la jeune fille lui avait meurtri la paupière, et probablement crevé le globe oculaire. Aveuglé, il se rejeta en arrière, d’un mouvement si prompt qu’il tomba à la renverse. Sa tête vint heurter un montant de métal et il demeura immobile sur le dos, à demi-conscient. Maj-Britt se releva, enjamba son adversaire, et sortit de la cabine. L’air frais lui fit l’effet d’une douche froide et elle recouvra immédiatement sa maîtrise de soi. À l’arrière du canot, la corde d’amarrage était enroulée. Elle s’en saisit et revint précipitamment à la cabine, où Rudolf était toujours immobile, les mains sur les yeux, haletant de douleur. Elle commença à l’attacher aux poignées de cuivre. Rudolf comprit ce qui lui arrivait juste au moment où il avait déjà les jambes entravées. Ses bras furent à leur tour paralysés, avant qu’il ait pu esquisser une résistance quelconque. "Petite garce, tu vas me le payer !" grommela-t-il en tirant sur la corde de tous ses membres. Mais les nœuds de Maj-Britt étaient solides, il était à sa merci.