En retirant de son vocabulaire l'appellation "gabier", la Marine, tant nationale que marchande, a rompu avec une tradition vieille de trois siècles. Le gabier de France s'était rendu populaire, non seulement pour ses qualités manœuvrières et son adresse proverbiale, mais aussi pour son langage imagé et pittoresque, inimitable qui, au début du XXe siècle, fut qualifié de "parler matelot".Dans cet ouvrage, l'auteur, qui eut le privilège de connaître quelques-uns des derniers usagers de ce curieux parler, le fait revivre en de brefs récits, empreints de sel et d'humour marins, émaillés de termes, d'argotismes, de tournures de phrase, et de citations qu'il entendit lui-même au cours de l'un ou l'autre de ses embarquements, ou qui lui furent rapportés par des témoins dignes de foi.Au fil de ces anecdotes, on rencontre le "bourlingueur" des mers du Sud, le solide quartier-maître chevronné, le franc matelot "faraud et dégagé" et tant d'autres fiers coureurs d'océans, sur lesquels règne, en bon prince mais maître absolu, le "Bosco" à la voix puissante. En leur parler direct et coloré, naïf et spontané, nos héros relatent les pauvres joies et les misères des hommes de la manœuvre, et nous livrent quelques-uns de leurs précieux secrets.À la suite de la publication de la première édition de cet ouvrage, nous avons reçu un important et instructif courrier, qui a permis à l'auteur d'apporter à son étude divers compléments et, en particulier, d'y ajouter le récit à base d'argotismes et d'expressions figurées de la Marine marchande : "Bottes et casaque… et chapeau".Enfin, nous avons eu le plaisir de constater que, si le parler matelot n'est plus en usage aujourd’hui, il suscite encore un très vif intérêt, non seulement chez les marins des vieilles générations, qui y retrouvent leur jeunesse, mais aussi chez ceux d'aujourd'hui, qui se montrent curieux de connaître la façon dont s'exprimaient, à terre comme à bord, ceux qui, avant eux, "couraient sur la mer jolie".