Fondamentalement, la poésie d’Andrée Appercelle se dresse contre toutes les ségrégations : celles qui massacrent les gens de couleur, comme celles qui réduisent la femme, ou confinent des millions d’êtres dans leurs vies médiocres... Elle dénonce le climat de glaciation morale qui se développe dans l’humanité ; de la violence inquisitoriale à l’automisation, elle proteste contre une politique qui use et dégrade la présence humaine jusqu’à la coagulation. Et, cependant, cette poésie reste habitée. Par l’espoir d’abord, si ténu se révèle-t’il à notre lucidité. Un geste peut rompre l’étau de la froideur, une étreinte peut éclater la cour-prison de l’usine. Poésie habitée surtout par cette chair de femme qui, d’un bout à l’autre de l’ouvrage, crée la profondeur de champ, le chant profond.