Le prêtre, le docteur et la sage-femme, dans le froid très vif de cette matinée de février, sous le soleil qui a enfin percé le brouillard matinal, se hâtent vers la place de l’église. Sans dire un mot, perdus dans les mêmes pensées, leur cœur au diapason, ils vont vers d’autres tâches, d’autres services, d’autres gens, d’autres joies, d’autres misères, d’autres vies. Ils n’ont pas vu le sein — gonflé du liquide de vie — jaillir de la chemise de Marie Coulon. Ils n’ont pas vu le geste tendre de Pierre Coulon, posant une couverture de laine sur les épaules de sa femme et, au passage, caressant le visage de son fils qui tête goûlument. Ils n’ont pas vu Marie, que la révolte a quittée au moins pour un temps, pleurer doucement, en caressant le semblant de main et le pauvre petit moignon. Ils n’ont pas vu Pierre Coulon dévaler l’escalier et, pleurant à chaudes larmes, s’activer pour ranimer le feu dans la cuisinière à charbon, et réchauffer les bienfaisantes bouillottes de son fils. Ils n’ont pas vu Pierre Coulon « barrer » la porte. Cette journée du 17 février 1907 a bousculé leur vie. Ils ont besoin d’être seuls. Quelques heures encore...