Sensible et indifférente à ce qui la réveille au passé, cherchant à se guérir des souvenirs moroses, évoquant - tour à tour - les printemps révolus à l’ombre d’un jardin public, les errances dans des villes étrangères, la lourdeur des silences incommunicables, les tristesses de mai et la solitude cosmique de l’homme, Claire Mercier regarde sa vie et s’ennuit. Cependant, qu’elle ne parvienne pas à fuir ce qui la hante, chevauchant le ciel de son désir au galop, et même si la barque du passé chavire dans l’océan vert de (son) long fou rire, et qu’elle donne son squelette formel engorgé du temps à l’enfer abstrait des vivants, elle reste le Christ anonyme cloué sur le réel, qui nous fait part des vieilles légendes qui dorment dans les méandres de son cerveau. Voici une poésie où les images font l’amour à la lumière de candélabres noirs, orgiaques — mais pures.