Voici un livre qui va doublement à contre-courant : il n’est pas de bon ton de vanter les anciens combattants des guerres d’Algérie et d’Indo-Chine, de ces hommes qui ont laissé leur peau, ou, tout au moins, l’ont risquée, dans ces « sales » guerres « colonialistes ». Il n’est pas non plus habituel de faire appel au témoignage, aux souvenirs, des petits, des humbles, des sans grade — ou presque ! Généralement, on publie les mémoires des chefs de guerre, de ceux qui ont dominé, de haut — de trop haut souvent — la situation, de ceux qui ont connu les dessous des cartes, les secrets, et ne les ont pas révélés ! Eh bien, voici, aujourd’hui, les souvenirs d’un ancien de l’Indo-Chine, qui n’était qu’un obscur « mar’ gis », et qui n’appartenait pas aux corps d’élite ! Loin de là : c’était un vulgaire « tringlot ». Ce fut même ensuite un « pékin », un douanier, avant de redevenir un militaire, mais dans le corps sans gloire des... garde-voies ! Quant au risque de se faire trouer la peau, il fut parfois le même, mais le panache en moins !