Marie-Louise Pomel recueille, un jour, un document à la couverture à demi rongée, un fort volume, dont les pages sont couvertes d’une encre jaunie par le temps. L’écriture est faite de pleins et déliés maladroitement dessinés à la plume d’oie. C’est une longue succession de brèves notes : « Chalimbaud Jeanne, du Péagier pour la femme en couches : voyage plus la délivrance opérée le 4 avril 1832... » C’est le journal de bord du Docteur Missoux, grimoire où le médecin marquait aussi bien les médications, que la liste de ses patients, ou les notes dues (et souvent rappelées !). Avec une patience de Bénédictin, Marie-Louise Pomel va, à travers ce manuscrit, unique document sauvé d’une succession disparue, redonner vie à ce praticien du siècle dernier. Les lacunes qui subsistent excitent notre imagination par rapport à ce personnage modeste, dont l’évocation prend des dimensions inattendues. À travers cette succession de notes, c’est toute une chronique de la vie rurale en Auvergne, au siècle dernier, qui se dessine. Marie-Louise Pomel arrache à l’oubli cet étonnant portrait provincial du médecin de campagne d’il y a cent cinquante ans !