Des forêts, des landes, des chemins tortueux, qui sont souvent des fondrières... une population fruste, cruellement éprouvée par les guerres de Religion, insuffisamment évangélisée par un clergé ignorant : voilà la Bretagne du XVIIe siècle. Après avoir souhaité partir pour des terres lointaines, évangéliser les « Canadois » et verser son sang pour la foi, Julien Maunoir a rencontré Michel Le Nobletz, ascète, mystique, saint, qui a entrepris — seul — le travail missionnaire, et cherche un fils de son esprit à qui transmettre le flambeau. Maunoir comprend que la misère spirituelle des Bas-Bretons n’est pas moindre que celle des peuplades lointaines. Avec un seul compagnon, il se lance jusqu’au fond le plus reculé des campagnes, jusqu’aux îles du péril de la mer. Les aventures et mésaventures ne lui manquent pas. Il se heurte à l’opposition de recteurs de paroisses dérangés dans le conformisme de leurs habitudes, à l’animosité de seigneurs libertins qui tenteront de l’assassiner, de sorciers qui organisent sur les landes des sabbats nocturnes. Après avoir évangélisé les « diables de la mer », c’est lui qui dote d’un recteur l’île de Sein. Il organise de grandes processions costumées pour frapper l’imagination des foules. Il est mêlé à la révolte dite du « Papier timbré » et contribue à l’apaiser. « Tout à tous, afin de les sauver tous », le Père Maunoir remplit sans défaillance, une longue vie durant, la fonction d’Apôtre des Bretons qu’il continue du haut du ciel. Élevé sur les autels en 1951, le Bon Père n’a pas cessé de faire du bien sur Terre.