Le père, ivre de vin, hurlant des insultes dans la rue. Le fils, fou de tendresse sans doute, mais bien fou quand même. La cantatrice à la voix disparue, le Diable en personne, Anna, Anna, et encore Anna ; Tristan et Yseult, Eminescu, Staline, la Roumanie, Baudelaire, Tolstoï, Dostoïevski, la grand-mère Toudoritza, le pianiste qui dorlotte sa mort, la sirène de la mère Égée, le pâtissier mort dans sa peau d’ours ; et la mère, Mita, ravagée d’amour et de tendresse pour son fils “racheté” à la mort ; tels sont quelques-uns des mille personnages de ce livre, construit comme un journal intime, entrecoupé de contes peu ordinaires et de rêves maléfiques. Écrit pour débuter dans la compréhension de l’infini, ce récit/poème/roman — inclassable à vrai dire — enchantera tous les amateurs d’envolées lyriques désespérées, de romantisme slave, de mysticisme fou et de drames brûlants vécus dans la solitude de l’exil. “L’écriture me fortifie jusqu’à me donner l’invincibilité”, dit Kiropol. Et pourtant, on le sait fragile dans sa colère et sa révolte, ce meilleur d’incertitudes, cet amoureux éternel. À lire pour la bonne humeur du désespoir, ou pour le désespoir tout court. À lire, pour connaître un peu de l’apparence de Lucifer, pour se payer cinq ou six heures de tourbillons hors du monde commun du commun des mortels occidental.