Chacun sait, en fait, que la formule : « La mort sans phrase » a été attribuée à l’Abbé Sieyès, qui l’aurait prononcée au moment du vote mettant un terme au procès de Louis XVI. Chacun sait également, que Sieyès, membre de la Constituante, de la Convention, consul, sénateur d’Empire, nia l’avoir prononcée, dans son intégralité, ayant simplement répondu : « La mort », à la question posée. Charles Autrand, dans "La mort sans phrase", tente à son tour de répondre à un certain nombre de questions, également capitales, dont quelques-unes sans doute resteront sans réponse : vivons-nous une révolution aussi importante que l’ont été l’explosion romantique de 1830, surréaliste de 1921, existentialiste de 1945 ? Le critique littéraire doit-il être, d’abord, un créateur, donc prêter le flanc à une autre critique, et cela sans solution de continuité ? Dans l’affirmative, une pareille critique - qu’elle soit néo ou paléo - existe-t-elle ? La mémoire et l’imagination ont-elles, dans la création littéraire, partie liée, jusqu’à se compléter ou se confondre ? Dans l’affirmative, mémoire et imagination font-elles le jeu de l’écriture, ou est-ce l’inverse ? Rimbaud et Lautréamont sont-ils les plus grands romanciers du XIXe siècle ? Dans l’affirmative, leur supériorité vient-elle seulement de leur technique, ou doit-elle quelque chose à leur art ? La philosophie peut-elle servir ? Dans l’affirmative : à quoi ? Dans la négative : pourquoi ? etc. En contrepoint au texte de Charles Autrand, les détails picturaux de Jacques Monory cherchent à « coller » ensemble deux rêves : le rêve éveillé... et l’autre.