Nouveau nom donné à la Maison Poulaga, ou à la Pension Bourrmann, depuis que l’inspecteur Bardot y a introduit les bonnes manières. C’en est fini des mauvais traitements et de la grossièreté envers les prévenus. Maintenant, chaque délinquant n’est pas considéré comme un coupable, mais comme un malade. Ces messieurs de la « Villa Grand Siècle » ont des attentions si exquises, qu’un innocent a plus de plaisir, assure Gorin, à être guillotiné avec les méthodes nouvelles qu’un coupable en aurait eu autrefois à être acquitté. Si l’inspecteur Bardot a pris cette heureuse initiative, c’est sur les conseils de l’Académicien Clauriac, grand romancier catholique et Prix Nobel, à qui rien de social n’est étranger. Cet illustre écrivain est sollicité par l’hebdomadaire l’Omnibus, pour rédiger - chaque semaine - un bloc-notes, qui doit paraître en dernière page et augmenter le tirage de cet organe intelligent. Clauriac accepte, à condition qu’on lui donne des boy-scouts à confesser, et qu’on lui organise une messe noire. La difficulté est que Clauriac veut confesser de vrais boy-scouts et assister à une vraie messe noire, dite dans une vraie chapelle, avec un vrai prêtre, comme au Grand Siècle. Les démarches pour obtenir l’autorisation d’officier dans une église, sont faites par un petit Bônois au langage savoureux, qui se trouve impliqué dans l’affaire des fuites et arrêté. Dans l’intervalle, l’Omnibus a réussi à porter au pouvoir un de ses rédacteurs, dit Zouli-tapis, ou Superman, qui - après avoir donné sa mesure en faisant tout le gâchis imaginable -, sombre dans l’oubli le plus absolu. Gorin se trouve amené à faire mettre en fabrication, dans le cadre des échanges européens, un appareil très raffiné, vibromasseur pour usage interne, qui doit contribuer au rapprochement des peuples. Pour échapper au grossier matérialisme, cet appareil sera consacré au cours de la messe noire. Ce pamphlet policier, mine de situations cocasses, déclenchées comme par un mouvement d’horlogerie, est la suite de Pétrouchka. C’est un livre attachant, écrit lui aussi dans un style Grand Siècle : point de ces outrances de langage si fort à la mode et qui finissent par lasser. On retrouve ici la précision et l’élégance des grandes œuvres, qu’on ne peut classer dans aucun genre, si ce n’est celui - tout à fait neuf - de « social-fiction », qui sera, bien entendu, imité, comme "La fille du tonnerre" l’a été. Cet aboutissement n’est qu’un point de départ.