« Le levain de la colère » est paru pour la première fois en 1963. Il a été réédité en 1974. Il en est à sa sixième édition. La réaction de tous ceux qui l’ont lu a, chaque fois, été identique : « C’est le roman vrai des Paras ! » Roman vrai, parce que vécu plus qu’imaginé par son auteur, Roger Holeindre, qui sait de quoi il parle et qui en parle bien, et qui en parle « vrai ». Ce livre est un livre qui dérange. Il dérangeait déjà, en 1963, un an après que nous ayons laissé - à l’ennemi - quatre départements du territoire national. Dérange-t-il moins aujourd’hui ? Je n’en suis pas sûr. À la lumière des reculades d’Indochine — où êtes-vous, Saïgon, Phnom-Penh, Ventiane ? — il se charge d’une nouvelle actualité. Les Paras morts hier, les « potes » de Holeindre, « Bison », « Lapin », les 2 000 Bérets rouges tombés les armes à la main, nos frères d’armes indochinois, livrés au Moloch communiste, sont des exemples pour une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans ceux qu’on veut lui imposer. Les héros du « Levain de la colère » on choisi leur camp : c’est celui du courage, de l’insécurité, de la fidélité à la parole donnée ; c’est le camp des copains, de la famille, du clan. Roman vrai, ce livre est aussi celui de l’Indochine des combattants. De ceux qui ne vivaient pas la guerre depuis le « Paramount » à Hanoï, ou le « Continental » à Saïgon. De ceux qui n’ont jamais joué avec les piastres, la drogue, les combines louches. Pour les raconter, Roger Holeindre n’a pas eu à « inventer » : il est des leurs, il a été de tous leurs combats, il a été grièvement blessé à leurs côtés. Qu’on ne croit cependant pas que ce livre est un livre nostalgique, le livre d’un « ancien combattant ». C’est même exactement le contraire : c’est un cri d’espoir en la France. Il ne suffit que de vouloir. Car ils sont des milliers à attendre le signe de reconnaissance : « Ventral, à nous les Paras ! »