“Pour en finir, il faut qu’il parte !” Ce n’est qu’un cri unanime, pour celui qui assimile Valéry Giscard d’Estaing au Foutriquet. De ce nom, dont les Communards, après 1871, affublaient Monsieur Thiers : Foutriquet, bonhomme inconsistant. Ce qui vaut, dans la lecture de Pierre Boutang de ce long septennat (il fait d’ailleurs la synthèse de tout ce qui - dans l’ordre giscardien - dépasse le simple mandat – des origines familiales à l’avenir sombre de Boulogne-Gdansk), c’est une truculence inimitable. Menteur, pourrisseur, fossoyeur, ce Foutriquet est tout cela à la fois, il traque la jeunesse, évacue la croix, fait le jeu des animaux de La Fontaine. Quelle fable ? Celle du singe. On s’étonnera des révélations ici faites : rien de ce qu’on a entendu dire n’a été négligé. Travaillant sur le document et sur une formidable puissance d’ironie, l’auteur “accouche” les esprits à un nouveau monde giscardien : les diamants de Mademoiselle de Scudéry, les détours africains sont parmi ces chapitres les plus surprenants. D’où une symbolique, qui n’échappera à personne. Violent et drôle, le "Précis de Foutriquet" restera comme l’un des grands pamphlets d’un vingtième siècle trop conformiste.