De toute évidence, Lucien Jeanmichel éprouve — à l’égard de François-Barthélémy Arlès-Dufour — des sentiments d’admiration et de sympathie. Qui oserait le lui reprocher ? En effet, ce fils d’un officier de fortune, élevé dans la religion protestante mais anticlérical, autodidacte mais soucieux de l’éducation des jeunes, époux d’une Allemande d’origine française, délégué à Lyon par son beau-père afin d’y développer — avec quel succès ! — un négoce de soie, disciple de Claude-Henri de Saint-Simon et du “père” Enfantin, sans en accepter, cependant, l’enseignement théocratique et moral, membre — pendant trente-six ans — de la Chambre de commerce de Lyon, conseiller général du Rhône, notable mais pourfendeur de bourgeois, fut — à tous égards — un homme d’influence. À partir d’une correspondance de plus de mille écrits, adressés par Arlès Dufour à Prosper Enfantin, Lucien Jeammichel a su tracer le portrait saisissant d’un homme d’action et de réflexion hors du commun, situer son œuvre dans le temps et dans l’espace, en trois chapitres traitant de l’homme, de son activité au sein de la Chambre de commerce et de son rôle de “précurseur”. Ce travail important et original, contribue à faire connaître l’influence exercée par les Saint-Simoniens sur les milieux économiques et politiques lyonnais au cours du XIXe siècle. L’ouvrage, très dense, enrichi de nombreuses citations et de rappels historiques, est cependant d’une lecture agréable et facile. Je suis certain qu’il rencontrera, non seulement auprès des curieux de l’Histoire lyonnaise, mais également auprès d’un large public, le succès qu’il mérite.