Finis la crainte du chômage, les caprices de l’arbitraire, la dépendance d’un employeur. Je me tournai vers mes origines, à L’Hommedaire. Les petits paysans, sans cesse à la merci des intempéries, des caprices des saisons, rêvaient de la sécurité d’un emploi de l’État. Pour nous, journaliers, petits bordagers toujours besogneux de nos maigres régions, dans cette période d’incertitude du monde agricole en crise, un emploi de facteur, de cantonnier, de cheminot, c’était l’avenir assuré. Mais quand il s’agissait de la fonction d’instituteur public, alors là, c’était le sommet... Combien ma vieille mère allait être fière ! Et mon père, le petit gars qui faisait la lecture du journal à la veillée à Grammont, quel serait son contentement s’il était encore là !