Sur le « Labrador », chalutier de Fécamp, le capitaine terre-neuvas Méheu règne sans partage depuis des années. Pêcheur incomparable, il sait les profondeurs froides où les bancs de poissons transhument, poussés par les formidables courants dans les grandes nuits des abîmes. Comme s’il sentait les effluves qui déclenchent les mystérieuses migrations. Jusqu’à ce jour maudit, où son autorité va être battue en brèche. L’armement lui impose un jeune officier ne sachant rien de la pêche, inexpérimenté mais breveté, qui sera désormais le « capitaine porteur ». Malgré sa bonne volonté et son courage, il va déclencher la haine du vieux pêcheur. D’autant plus qu’il est le promis de Berthe, fille unique de Méheu, que ce dernier a toujours tenu sous sa coupe, et sur laquelle il veille jalousement, avec la même pesante autorité que sur son équipage. Du fond de sa cabine, Méheu, malade, entend jaillir du pont le hurlement de joie poussé par vingt poitrines, lorsque le chalut sort de l’eau, rempli jusqu’à la gueule. Alors, parmi les hommes qui tuent, fendent, coupent, tranchent les morues dans une odeur de charnier, les bottes maculées d’une boue sanglante, les cirés poisseux d’écailles, la haine va s’exacerber jusqu’à la tragédie. À son tour, le capitaine de pêche devra payer le prix de la haine, et entrer dans l’univers de désespérance qu’il a lui-même provoqué. Extraordinaire aventure humaine parmi les hommes du Grand Métier, le livre de Narcejac — maître du mystère — et aussi un formidable hymne à la mer.