Acoran cherchait parmi la foule. Il ne savait quoi. Cette sensation désagréable dans sa nuque, avait été comme celle que l'on ressent sous un regard ignoré mais persistant. Comment, cependant, trouver le coupable, si coupable il y avait. Derrière le jeune journaliste, dans la longue galerie des souks de Marrakech, où la pénombre ne parvenait pas à éteindre un véritable incendie de couleurs, c'étaient des remous incessants. Parmi les touristes et les indigènes mêlés, nul ne semblait, pour l'instant, arrêter une attention particulière sur ce Français de 28 ans. Grand, athlétique, très brun de chevelure et de peau, même avec ses yeux bleus (en somme, pareils à ceux des Berbères), Antoine Acoran n'avait rien de tellement remarquable. Pourtant, un homme là, devant la boutique du marchand de tapis marocains, n'avait-il pas fait un brusque mouvement lorsque Antoine s'était retourné ?