L’idéal historique opère à un double niveau : les règles de la méthode historique se partagent toujours entre deux grandes positions résolument hostiles : l’homme (ou la praxis, ou les masses, et le monde (ou la structure, ou le mode-de-production). Entre les deux, tous les compromis qu’on voudra. Mais, dans les deux cas, l’Histoire a un sens, un idéal solidement édifié sur la méconnaissance de l’activité pulsionnelle de la libido sociale et de l’appareil de pouvoir, qui en conditionne silencieusement le régime « réactif ». Mais est-ce seulement une question de connaissance historique ? Pas du tout ! Il s’agit, là encore, de la libido dans ses modes d’existence sociale : car l’idéal historique a — pour substrat désirant — l’idéal militant et tous ses avatars, qui ont fait leur apparition depuis la naissance du mouvement ouvrier. Impossible d’éviter les impasses épistémologiques, à moins de se débarrasser des formations de désir, que le militantisme a déposées en nous comme un lourd héritage (même chez les historiens apparemment les plus éloignés du communisme ou du gauchisme). Avant d’être héritiers, rebelles ou consentants, d’un savoir marxiste et historique, nous sommes moulés dans un certain type d’éros militant.