Le faux frère

L’affreux, au lieu de contourner la fontaine, l’avait simplement traversée. Il était là, au-dessus d’eux, de l’eau jusqu’aux genoux, et braquait sa mitraillette. D’une détente désespérée, Andral se jeta vers lui. Son coup de reins lui permit de saisir à deux mains le canon de l’arme, à la seconde même où l’affreux tira. Il sentit frémir le canon entre ses doigts, tandis que la rafale, déviée, lui frôlait le corps, et cinglait le macadam avec un bruit de grêle. L’affreux empoigna à deux mains la crosse de la mitraillette, et tira en arrière. Le canon graissé fila entre les doigts d’Andral, et le guidon de la mire lui déchira les paumes. L’affreux grogna de joie et, reculant d’un pas, assura l’arme contre sa hanche. Il tenait le Français en joue... Le Kryterion appareillera ce soir, dans le port d’Anvers avec, à son bord, deux cents canons de D.C.A. Seuls les Desperados de la Main Rouge pourraient encore l’arrêter. Mais ils sont paralysés par les Faux Frères. Schatz, le trafiquant d’armes, le trafiquant de mort, triomphe. Et pourtant, l’énorme bénéfice de l’opération ne lui suffit pas, il veut la peau d’Andral, car Andral vivant, il sait qu’il n’aura jamais un instant de répit. Un duel à mort est engagé, un duel dont dépend la vie de milliers de combattants.