Jacques Vier nourrit depuis longtemps une admiration fervente pour Léon Bloy, auquel il a consacré quelques articles ou conférences. Il sait qu’il n’est pas possible de le lire sans enregistrer des secousses sismiques, préludes à une régénération ouverte par un éventail de significatifs avertissements. Léon Bloy n’ignorait pas que la guerre de 1914, dont il ne vit pas la fin, et celle qui suivrait, qu’il a toujours prédite, ne suffiraient pas à reconduire la France aux sources de sa vocation. Ses dures, très dures campagnes contre le clergé de son temps — qu’il ne séparait guère des mauvais bergers de la Troisième République — n’étaient qu’une invitation à la pénitence et au repentir. La Révolution de 1789 fut, il l’a maintes fois proclamé, le péché de la France. Léon Bloy s’est plu à établir la carte des expiations. Son œuvre — élaborée dans la colère mais aussi dans les prières et les méditations de la messe quotidienne — reste contemporaine de nos tribulations. D’abord parce qu’elle découvre le mal jusque dans ses racines, ensuite parce qu’elle enseigne les voies trinitaires de la Réparation. De La Salette au Saint Tombeau, la vie et l’œuvre de Léon Bloy témoignent de la sécurité dans l’audace. Ce Chamoniard patenté tient solidement la corde, et s’il provoque le vertige, c’est pour le dominer.