Presqu’une île, au bout de son isthme de sable, un minuscule territoire cerné par la grande houle atlantique : Claude Dervenn, dont on connaît les livres consacrés à la Bretagne, en raconte ici l’histoire, et “les histoires”. L’histoire a commencé dans la nuit des âges, avec des chasseurs de cerfs aux flèches de silex, et des bâtisseurs de dolmens ; on y parle de saints, de ducs, de capitaines, de la guerre à l’Anglais, des émigrés qui débarquèrent ici pour rendre son royaume au petit Louis XVII, et succombèrent devant l’armée républicaine de Hoche, jonchant de morts la dune et les grèves. Les “histoires” forment la chronique pittoresque, où revivent les aventures de mer, corsaires et naufrages, le folklore des petits villages qui se chuchotaient aux veillées des récits pleins de trésors, de revenants, d’intersignes ; les visiteurs célèbres, Flaubert, Daudet, Anatole France. Du pardon de Lotivy, à la “poche allemande” en 1944, du retour des sardiniers aux pêcheurs de bars sur la Côte sauvage, voici tout ce qui a précédé la grande mutation qui voit règner chaque été, sur ce bout du monde, un dieu : le tourisme, une panacée : l’eau de mer, une passion : la voile.