« Patrimoine au présent » se propose de retrouver l'esprit des lieux, de les faire revivre à travers leur histoire, de susciter, à partir de vestiges et de monuments du présent, l'imagination du passé. Chaque ouvrage de la collection, s'appuyant sur les acquis les plus récents de la recherche, s'organise autour d'un thème privilégié, pour ajouter au plaisir d'une découverte active du site.« Il faut ici que les étrangers demeurent d'accord qu'on peut faire les choses, en France, aussi belles et aussi régulières, que celles que l'on va admirer en Italie », écrivait du Val-de-Grâce Germain Brice, dans le premier guide touristique parisien, publié en 1684.Bâtie de 1624 à 1669, sous le patronage constant de la reine Anne d'Autriche, l'abbaye royale du Val-de-Grâce, au faubourg Saint-Jacques à Paris, est emblématique du destin de la reine.D'abord retraite modeste de la jeune épouse - dévote et délaissée - de Louis XIII, elle est ensuite embellie d'une splendide chapelle, bâtie sur les dessins de François Mansart, en ex-voto pour la naissance - si longtemps désirée - du Dauphin Louis, lorsque la reine, devenue régente, est à même de réaliser son vœu. Après la Fronde, elle devient, sous la direction et sur de nouveaux dessins de Pierre Le Muet, un superbe ermitage, une sorte d'Escurial parisien, « digne de la reine mère d'un si grand roi ».Avec son architecture à plusieurs mains, où se conjuguent les échos de la grandeur romaine, antique et moderne, et les souvenirs de la préciosité de la Renaissance française, ses superbes « dedans », sculptés par Michel Anguier, sa grande coupole peinte à fresque par Pierre Mignard, et son magnifique autel baldaquin, émule de celui de Saint-Pierre de Rome, le Val-de-Grâce est aussi l'un des témoignages de l'art de ce qu'on a pu appeler le « siècle de Louis XIII ».