Le plus ancien — dans le temps — parmi ces récits, est celui qui évoque la vie de Lucrèce Borgia, fille du Pape Alexandre VI, marié à trois princes, dont le premier fut contraint à l’annulation de son union, et le second assassiné. Quant au troisième, le duc de Ferrare, il eut la chance de survivre, et son épouse révéla des qualités d’humaniste, en même temps que des dons politiques inattendus. Le second récit ressuscite la reine Margot, fille, sœur, épouse de roi. Elle épousa celui qui devint Henri IV, et le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois, paroisse du Louvre et des rois de France, sonne aux oreilles de notre héroïne le carillon de ses noces, le soir de la Saint-Barthélémy. Le troisième récit fait revivre, au XVIIe siècle, Ninon de Lenclos. Ici, le drame est absent, mais l’éternelle jeunesse de cette Précieuse, et ses amours multiples — qu’elle ne choisit pas toujours dans la haute noblesse —, donnent un passionnant éclairage aux coulisses de ce que fut le Grand Siècle. Le quatrième récit relate la vie amoureuse d’Henri Beyle, que la littérature connaîtra sous le nom de Stendhal. Vie bien remplie sur divers plans, sur celui du sentiment, comme sur celui de la carrière et de l’amour. Les attachements du grand écrivain seront nombreux avec, toutefois, une préférence marquée pour les comédiennes. C’est tout le parfum de l’Italie que respirera le lecteur. Comment pourrait-il en être autrement, puisque le père de La Chartreuse de Parme, du Rouge et le Noir, et de tant d’autres chefs-d'œuvre, a voulu que fût gravé sur sa tombe que, d’adoption, il était milanais. Le cinquième récit est consacré à la Dame aux Camélias. Inutile de s’étendre sur cette héroïne. Courtisane de haut vol, elle passe à la postérité grâce à Dumas Fils. La Marguerite Gauthier du romancier a vaincu le temps et, depuis plus de cent cinquante ans, Margot pleure toujours au dernier soupir de la belle et malheureuse phtisique. Le dernier récit retrace la vie de George Sand. Grand écrivain mais grande amoureuse aussi. L’auteur de Lélia, de la Mare au Diable, de la Petite Fadette, et de très nombreuses œuvres que la postérité a recueillies, savait choisir ses amants si elle a manqué de discernement dans le choix de son mari. Nous la voyons, successivement, passer des bras de Jules Sandeau dans ceux d’Alfred de Musset, et de Chopin et dans bien d’autres de moindre éclat. Une vie passionnée, et passionnante, semée de conquêtes et de ruptures sur un arrière-plan d’œuvres éternelles. Six histoires d’amour, aux personnages immortels, mêlant — dans quelques-unes d’entre elles — le sang à la volupté, et toutes scrupuleusement fidèles à l’Histoire, constituant une lecture du plus vif intérêt, car les siècles passés offrent de vivants tableaux à nos yeux.