L’État est généralement considéré, à tort, comme une création des sociétés occidentales. L’œuvre de Ibn Khaldoun, dans sa contribution innovante à la théorie de l’État, montre — au contraire — combien essentiel est la nouveauté du rôle qu’il accorde au contrat social. C’est dans l’État que l’individu connaît son plus entier développement, le rôle du souverain n’étant pas de créer ou de promouvoir en l’homme une vie vertueuse, mais de le protéger de son propre égoïsme. Une telle mutation a eu aussitôt d’incalculables répercussions dans le domaine du droit, comme celui du pouvoir. « L’État est — à lui seul — l’origine du droit et de l’autorité ». Cette conclusion a amené Ibn Khaldoun à envisager autrement le rapport du spirituel et du temporel. On mesure aujourd’hui l’importance de cette affirmation qui, malgré les événements qui défrayent les fragiles équilibres politiques à travers le monde, a grandement influencé le courant rationaliste arabe. L’auteur, s’appuyant sur l’œuvre d’Ibn Khaloun, pose la question dans cet ouvrage, de l’évolution de la crise de l’État dans le monde arabo-musulman.