Toute réflexion sérieuse et vivante sur le cinéma, commence par un regard porté sur l’espace dans lequel se déroule et s’accomplit un film. Les grands théoriciens, esthéticiens et metteurs en scène, ont dit cette fonction spatiale, les uns dans leur exégèse, les autres dans leur travail créateur. Dualité du plan cinématographique, espace contracté et espace dilaté, espace off, espace sonore, espace abstrait et espace sacré : peu à peu, se noue un réseau qui donne à voir — avec un autre regard — les moments les plus beaux et les plus denses des films qu’ont signés Murnau, Mizoguchi, Dreyer, Renoir, Vigo, Lang, Rossellini, et tant d’autres, de l’expressionnisme allemand aux œuvres de Marguerite Duras. L’auteur n’isole le cinéma ni de la peinture, ni de la poésie : il leur trouve un commun dénominateur. Et, ainsi, le mode d’expression qui a donné naissance à Métropolis, ou au Voyage en Italie, se révèle une voie privilégiée vers le mystère de l’être et du cosmos, comme un tableau de Klee ou un opéra de Mozart. Explorer l’espace du film, c’est tenter une sémiologie de la réalité, qui en laisse entrevoir les mouvantes et inépuisables significations.