L'arbre de Herleue

Qu’arrive-t-il de nos jours à l’ombre des tours de Detroit lorsqu’une jeune femme qui se sait vierge se fait annoncer par son médecin qu’elle est enceinte ?

Ainsi soit-il ! pourrait se dire Miriam qui est allée au catéchisme. Toutefois l’énigme s’accroît après la naissance, quand elle se rend compte que sa fille Hella n’est pas comme tout le monde. Mais la douleur prend le pas lorsque Hella disparaît au cours d’une escale imprévue en Islande. Cela met à mal l’esprit rationnel de l’inspecteur Thorbjorson, tandis que cette disparition inexplicable coïncide avec une éruption volcanique digne de l’apocalypse.

Et puis il y a l’autre, Loki, qui un jour a recueilli le souffle du désespoir. Ça l’a rendu méchant au point de lui donner les clés d’un empire.

L'histoire prend racine dans la Normandie de Guillaume Le Conquérant, mais débute de nos jours à la frontière de l’Ontario et du Michigan. On ne tarde pas cependant à se retrouver au Nevada, en Écosse, en Chine puis enfin en Islande, alors que la grande histoire des peuples concernés se ramifie au récit, ce qui ne manque pas de conférer à l'ensemble une saveur d’exotisme et d'information qui ajoute encore à sa séduction.

Avis de l'éditeur :

Comme le prévient l’auteure en préface, il est possible ne pas sortir indemne de cette lecture sur le plan des idées reçues.

En effet, Olivia Dugué se soucie peu d’aborder des sujets faciles. Elle choisit au contraire de développer des intrigues complexes où se superposent une action physique et une quête aux dimensions plus ou moins métaphysiques. Si la première exploite des événements précis et concrets à la manière des romans traditionnels, la seconde se joue dans les subtilités et amène le lecteur à sa questionner sur les idées reçues.

La trame fait appel aux mathématiques quantiques, aux grandes légendes nordiques, aux principes physiques qui équilibrent l'univers et les galaxies.

Alors que son écriture s'efface pour donner toute la place aux personnages, l'auteure excelle à donner de la consistance à ces démarches abstraites par une accumulation de péripéties et de faits qui nous confrontent à des paradoxes troublants, sinon à des contradictions.

Les péripéties s’imbriquent les unes dans les autres en toute harmonie et vraisemblance, si bien qu’on finit par oublier la part de fantastique qui détermine l’action. Le merveilleux en vient çà faire corps avec la réalité, à imposer sa présence sans détonner d’aucune manière. Le talent de l’auteure, car il s’agit bien d’un véritable talent, consiste précisément à assurer la symbiose harmonieuse des deux versants de l’action et le lecteur doit s’attendre à revivre longtemps les hautes notes de cette symphonie des abîmes.

Un roman étonnant qui ramène à des pulsions, des tourments moraux et des problématiques essentielles trop souvent oubliées de nos jours.