Roger Labric, de souche béarnaise, est né en février 1893. Fils et petit-fils de journalistes, il fit ses premières armes au Rappel, peu avant de partir soldat (Classe 1913. L’infanterie l’accueillit au 79e Régiment de ligne à Nancy, et c’est dans les rangs de la Division de Fer qu’il commença la campagne. La Marne, Capy, la Maison du Passeur, Neuville-Saint-Waast, la Champagne, sont le théâtre successif des opérations auxquelles participe son glorieux régiment — titulaire de la Fourragère rouge — et Roger Labric, déjà évacué une première fois en Belgique, au cours de l’hiver rigoureux de 14-15 avec les pieds gelés — et retourné au front directement sur sa demande —, est blessé et cité comme agent de liaison au cours de l’attaque du 25 septembre 1915. Au sortir de l’hôpital, il demande à passer dans l’aviation et, sous les ordres du colonel Vuillemin, il accomplit de nombreuses patrouilles et bombardements — tant de jour et de nuit — qui lui vaudront avec la Médaille militaire, quatre nouvelles citations et, un peu plus tard, la Légion d’honneur. Sitôt démobilisé, Roger Labric, qui aime son métier, reprend le dur collier du journalisme, écartant crânement les ronces qui entravent le sentier de toute profession libérale et devient, grâce à ses connaissances approfondies de tout ce qui touche l’aviation, depuis son début, l’un des journalistes d’aéronautique les plus autorisés de l’époque. Il collaborera, successivement, à l’Auto, à l’Air, au Sport Universel Illustré, à Paris-Sport, puis à l’Intransigeant, à Paris-Soir et à la Liberté, dont il créera et organisera les premières grandes rubriques d’aviation. Puis, il fonde deux hebdomadaires spécialisés : l’Aéro-Sports et l’Aérauto, pour être finalement choisi à la rédaction en chef du Journal de l’Aéronautique, et des Locomotions Modernes, le plus grand organe français d’aviation du moment. Sportif, toujours sur la brèche, comme les hommes de son époque, en 1927, il bat un record du monde en avion, et reçoit la grande Médaille d’argent de l’Aéro-Club de France. Littérateur d’une grande sensibilité, doublé d’un reporter fidèle, son premier essai, Les Champs Bleus, est le roman vécu de son escadrille. « Ce livre des Champs Bleus, dit le maréchal Fayolle qui en fit la préface, est le plus bel hommage qui pouvait être rendu, non seulement à l’aviation, mais à la vaillance française ; il restera aussi le livre de chevet des aviateurs de demain » Et, dans Classe 14, son second livre de guerre, avec cette grande simplicité qui caractérise son style, donc sans aucun artifice littéraire, Roger Labric, qui appartient à l’Association des « Écrivains combattants », rend un même et émouvant hommage aux Fantassins martyrs, ses compagnons inoubliables et inoubliés du début de la guerre.