À l’époque où nous vivons, ce n’est pas le métier de père qu’il faut réapprendre seulement, c’est l’être père ; c’est la paternité dans son essence qu’il faut redécouvrir. Dans un siècle où tout se fabrique, où il n’est pas certain que nous fassions encore longtemps les enfants de la bonne vieille manière, nous ne savons plus ce que c’est qu’engendrer. Il serait temps d’user de ce pouvoir. Nous qui n’avons même pas fait de nos mains ce pain sur notre table, cette table où nous écrivons, nous croyons disposer de moins en moins du pouvoir de nous faire : on nous fait, et rageant d’être faits (et « refaits ») nous entrons en révolte contre les forces anonymes dont nous sommes l’objet ou le complément d’agent. Tout le sens de cet ouvrage est d’annoncer à mots couverts une bonne nouvelle : nous nous engendrons.