Été 1947, Alain Bancen, un homme d’une trentaine d’années, est descendu à l’Hôtel moderne de Martan, toute petite ville de province. Qui est-il au juste, d’où est-il, que fait-il là, quel but poursuit-il ? Telles sont les questions que se posent les gens qui l’entourent, et auxquelles il se soucie peu de répondre. En fait, il vient de quitter le domicile conjugal, l’existence du ménage connaissant quelques fêlures. Par voie de conséquence, l’inquiétude, l’ennui, le désenchantement, une sorte de morne désespoir, peut-être le remords le harcèlent. Mais voici que, dans les environs, un meurtre est commis. L’événement va déclencher maintes péripéties, bouleverser les habitudes de la population du pays, provoquer des réactions inattendues, inciter au commérage. Alain Bancen trouve, dans cette tragique affaire, matière à divertissement. M. Sartenac, la victime, n’était pas un enfant de chœur. Son comportement, ses agissements sous l’Occupation allemande, n’étaient pas de nature à lui attirer la sympathie d’autrui. Qui est le criminel ? Quel intérêt avait-il à faire disparaître ce trouble individu ? S’agissait-il d’une vengeance, d’un acte de justice à retardement, d’un assassinat dicté par la jalousie, de l’œuvre d’un déséquilibré ?... Arrive sans prévenir l’épouse délaissée, apparaît dans la vie d’Alain une mystérieuse jeune femme blonde, passent et s’entrecroisent de nombreux personnages qui, selon le cas, jouent un rôle parfois ambigü, parfois relativement éclairant dans le déroulement de l’histoire. Grâce au procédé des retours en arrière, on apprend qu’Alain Bancen fut déporté par suite de ses activités de Résistant, d’où (sans doute) la difficulté qu’il éprouve à se réinsérer dans le corps social, d’où également la blessure intime occasionnée par l’attitude de sa compagne, qui semble vouloir préserver un secret. Celle-ci, soudain, se souvient d’un curieux garçon que son mari rencontrait à Rodez, à l’époque où, agent de liaison d’un réseau et mission accomplie, il parcourait avec lui les rues de la vieille cité, contemplant la cathédrale, débattant ensemble d’art et de littérature, en un mot oubliant momentanément les périls de l’action clandestine. Cet inconnu, qu’elle appelle intérieurement au secours, surgira-t-il un jour pour apporter la lumière et l’apaisement ? La vérité sur le crime, sur le passé de chacun, sur les choses trop longtemps tues, éclatera-t-elle sans entraîner d’irréparables dommages... ? Les nuits de juillet sont traversées d’éclairs de chaleur. Ils embrasent le ciel et aussi les cœurs... En définitive, l’auteur ne serait-il point animé par la triple ambition de réunir ici le suspense de l’aventure policière, la méticuleuse progression d’une étude psychologique et le climat tantôt dramatique, tantôt empreint de frivolité du roman de mœurs, le tout étant enrobé de poésie, de gravité, de sensualité et d’ironie ?