Le 18 juin 1940, la Résistance était née d’un sursaut patriotique ayant pour seuls objectifs la poursuite de la guerre et la libération du pays. Trois mois plus tard elle prit, inévitablement, un aspect révolutionnaire et se politisa pour réagir contre le régime d’« ordre nouveau » instauré par Vichy. C’est pourquoi le Général de Gaulle dut faire face à de nombreux adversaires et même à une tentative désespérée de « réconciliation nationale » dont Édouard Herriot aurait été l’artisan s’il avait cédé aux sollicitations d’un complot ourdi entre Laval, les Allemands et, dit-on, certains agents du gouvernement américain. Pour surmonter tous ces obstacles politiques, l’unité de la Résistance s’imposait. Elle se réalisa, à l’instigation du Général de Gaulle, par la création du C.N.R., ce Conseil national de la Résistance qui regroupa, non sans mal, les représentants des divers mouvements politiques et des syndicats d’avant-guerre. Les communistes y eurent naturellement leur place mais leur influence, parfois prédominante, ne fut jamais le résultat d’un calcul ni d’un privilège mais bien de leur clairvoyance et de leur qualité d’action. Des conflits assez vifs opposèrent néanmoins le C.N.R. et de Gaulle mais il n’y eut jamais de rupture. Le C.N.R., communistes inclus, reconnut toujours l’autorité du gouvernement du Général de Gaulle et celui-ci fit réellement sien le programme du C.N.R. et leur solidarité fut totale, une fois la France libérée, pour sauvegarder l’indépendance nationale en écartant la menace d’une tutelle de nos alliés occidentaux. Ce livre, « De Gaulle et le C.N.R. » fournit bien des éclaircissements et même d’utiles précisions sur ces rapports du chef de la France Libre et du Comité national de la Résistance qui avaient prêté jusqu’alors à tant de controverses. Celles-ci se dissipent désormais puisque l’auteur, Jacques Debu-Bridel nous apporte, confirmé par des documents d’archives, pour la plupart inédits, un témoignage direct sur des événements qu’il a vécus étant donné qu’il fut l’un des seize membres fondateurs du C.N.R. adhérent du Front national dont il dirigea le journal à la Libération, sénateur R.P.F. et militant gaulliste de choc auprès d’André Malraux sous la IVe République, Jacques Debu-Bridel était ainsi parfaitement qualifié pour nous conter l’extraordinaire aventure à « suspense » de ces aspects méconnus de la Résistance politique qui permirent au Général de Gaulle de rassembler les forces démocratiques pendant la lutte contre l’occupant et de parvenir au pouvoir, en 1945, pour rétablir la République.