« Même sur ces grands chalutiers, dès que l’on dépassait Force 7, il n’y avait plus grand-chose qui tenait à bord. Maurice Hendrycks pensait que seul un homme peut tenir tête aux embardées, tendu comme un filin quand il le fallait, ou inerte comme un panneau de chalut, à condition de connaître son affaire et de ne pas se croire noyé dès que le bateau embarquait une lame. Et puis, après tout, c’était du boulot de second ! « Lorsque Maurice reprit la barre, ce fut avec une toute autre ambition que celle de rester second. Un jour prochain, ayant dominé les éléments et les hommes, il lui faudrait sa barre à lui, son bateau, des armes pour la guerre impitoyable que mènent en Mer du nord les captains du grand métier de la pêche... » En un style vif, avec des dialogues percutants, François Debergh conte l’ascension de ce Boulonnais, un marin comme les autres, pour lequel il ne peut exister d’autre destin que de commander. Et, quand il devient seul maître à bord, d’autre manière de mener les hommes que comme il a été mené lui-même. « L’eau ne traverse pas la peau » a-t-il entendu Bavière, le plus grand des captains, hurler aux hommes trempés de la tête aux pieds lorsqu’il voulait poursuivre la pêche quel que soit le temps ! Ce monde brutal et implacable, et aussi à l’occasion tendre et fraternel, est toujours d’actualité. Journaliste, François Debergh en a souvent partagé l’existence. Mais cette fois c’est en romancier qu’il donne vie, dans « Captain du grand métier », à la guerre quotidienne de ces hommes comptant parmi les derniers aventuriers de notre temps.