Au mépris des formes traditionnelles de la « littérature » que manifestaient depuis la dernière guerre de nombreux jeunes écrivains pour qui le « document humain » sur notre époque était la seule forme qui justifie l’acte d’écrire, s’oppose depuis quelques années une réaction salutaire, tendant à rendre à la littérature son caractère de fiction et à ne plus sous-estimer l’art de l’écriture. C’est dans cette voie, à contre-courant de la littérature contemporaine, que Gilles Quéant s’engage délibérément, avec une originalité et un humour qui le préservent de la convention. Moraliste, en quelque sorte malgré lui, imposant une direction et une discipline à son imagination, Gilles Quéant ne se contente pas de « raconter des histoires » — vraies ou fantastiques. La plupart de ses « bulles » de couleurs et de dimensions variées, tenant tantôt de la nouvelle, tantôt du conte, tantôt du poème en prose, illustrent une pensée qui se dégage après lecture. Si la « bulle » éclate, il en reste le principe, un problème posé, un rêve, une réalité ; il en reste... Gilles Quéant et tout ce qu’il a de commun avec nous.