... On oublie trop souvent, par les temps qui courent, de nourrir son âme. Le serpent est à l'œuvre pour ronger tout ce qui pourrait, voire devrait s'épanouir dans le jardin des humains. « Lové-enroulé-dérouté », cette peste effectue le sacrilège de « crever les iris bleus, violer au cœur les corelles, trouer l'innocence des feuilles ». Jeanne Benguigui veut résister à cette destruction. En vain, le serpent vient la mordre « à la langue », pour la réduire au silence, « à l'âme » pour tuer son imaginaire, « au poignet » pour anéantir son écriture. Il coule son venin « dans son sang, dans sa bouche, dans son corps, dans ses yeux », pour que meure cette porteuse d'eau et de vie. Mais la poétesse sait qu'il faut « sortir vivant jusqu'à la croisée des miracles », « sur le marchepied de l'Amour ». Elle veut devenir « L'Être de la terre élue, l'élue de la terre qui tient tête au serpent à distance ».