La situation de « formation professionnelle continue » est devenue, pour bien des adultes, une situation à risques potentiels de toutes natures : utilisation purement « occupationnelle », intervention directe et croissante sur la personnalité au motif des « compétences », pédagogies et pédagogues incontrôlés, pénétration des sectes dans cette activité, confusion entre situation de formation et situation d’appréciation ou d’évaluation, pression des hiérarchies mais aussi des travailleurs sociaux sur les formateurs au détriment du principe de confidentialité sur les comportements et propos des stagiaires. Le marché de la formation est désormais lui-même identifié pour son opacité et le caractère douteux de bien des opérations qui y sont menées. Il a généré une authentique délinquance économique rendue plus aisée par la faiblesse des contrôles, la complexité des circuits de décision et de régulation, et le caractère institutionnel de ces derniers. Le conflit d’intérêt généralisé et permanent est une caractéristique du fonctionnement de ces instances. Quant à la réflexion sur la qualité en formation, elle est aussi l’occasion d’une réflexion sur le couple formation/organisation. Il n’est plus exclu que les approches traditionnelles de l’ingénierie de formation encouragent une division taylorienne du travail sur la base d’une représentation mécaniste de la relation emploi/formation, voire du travail lui-même. Enfin, autre paradoxe navrant, « la formation va à la formation » : ce qui devait être un instrument de la « seconde chance » s’avère surtout être celui du renforcement de la première... Dans un avant-propos à cet ouvrage, Jacques Delors, promoteur de la célèbre loi de 71, écrit : « Il est indispensable aujourd’hui que tous les acteurs de l’éducation, y compris, bien sûr ceux qui œuvrent dans la formation permanente, réfléchissent à la relation éducation/formation. L’éthique à coup sûr, est un aspect important d’une telle réflexion ». À coup sûr, en effet.