Traité ? Certes dans le sens où ce livre enseigne, à qui ignore tout de l'écriture, les lois du système tonal ; des exemples empruntés à quelques partitions les illustrent, des travaux pratiques à la fin de chacun de ses 30 chapitres, en permettent l'application. Mais aussi « anti-traité ». Parce que, récusant la seule harmonie des professeurs, il s'attache, à travers une pratique de re-création, à celle des compositeurs. Parce qu'il s'oppose à l'harmonie des harmonistes — cette discipline canonique et a-temporelle — pour étudier l'histoire du langage harmonique, les temps forts de sa constitution, de ses mutations, de sa dissolution : écrire sa propre musique, ce sera ainsi faire son choix parmi les constantes des syntaxes musicales. Parce qu'il propose aux musicologues une approche créative : analyser l'œuvre, ce sera aussi ressaisir par l'écriture le mouvement de sa parole. Parce qu'il veut faire enfin, de la musique « traditionnelle », l'affaire de tous, pourvu que l'on ait la volonté de son désir.