« La chute des corps, que le lien de la pesanteur ramène sans cesse vers la terre, est un phénomène qui a dû de tout temps frapper l’esprit des hommes. Plus mystérieux encore devait paraître ce mouvement, en apparence spontané, par lequel un morceau de fer s’élance vers la pierre d’aimant ; il y a là comme une sympathie élective qui tient du surnaturel. Alexandre d’Aphrodisias cherche à en rendre compte en disant que l’aimant n’est probablement pas autre chose que la terre qui donne le fer, desséchée et durcie par une cause ou une autre, et que le fer s’élance vers cette terre pour y trouver la nourriture qui lui est propre. Cette explication prouve au moins que les Grecs n’ignoraient pas que l’aimant est un minerai de fer.
Les anciens ont donné à l’aimant naturel quatre ou cinq noms différents, dont plusieurs se rapportent en même temps à d’autres corps : il est fort difficile aujourd’hui de démêler dans leurs écrits les faits bien constatés et les légendes nées d’un malentendu ou d’une confusion de mots. Aristote l’appelle simplement “la pierre”. Ailleurs on rencontre le nom de pierre sidérite, pierre de fer. Le nom primitif de l’aimant paraît avoir été celui de pierre héraclée, c’est-à-dire pierre d’Hercule, pierre forte, pierre héroïque, d’après l’étymologie la plus vraisemblable, et non pierre d’Héraclée, comme le veulent quelques auteurs anciens. C’est l’opinion que soutient M. Th. Henri Martin, dans sa savante dissertation de l’Aimant. Ce n’est qu’une fausse interprétation de ce nom qui a fait croire à Platon et à d’autres écrivains grecs que l’aimant venait surtout d’une ville d’Héraclée, près du mont Latmus, en Carie. Une autre erreur a fait naître l’opinion que ce minerai se trouvait en abondance près d’une des villes qui portaient le nom de Magnésie : c’est le nom de pierre magnète1, donné plus tard à l’aimant, probablement parce qu’on le confondait avec une espèce de talc qui ressemble à l’argent, et qui était ainsi désigné. On a donc prétendu, pour expliquer après coup ce nom devenu dominant, que l’aimant avait été découvert pour la première fois dans le pays des Magnésiens ; d’autres disaient qu’il l’avait été par un berger de la Troade, appelé Magnès, qui s’était aperçu que la pointe de son bâton ferré et les clous de ses chaussures se collaient à cette pierre. Quoi qu’il en soit de cette étymologie, qui restera toujours obscure, la langue latine adopta le motmagnes pour désigner l’aimant naturel, et en langue romane il s’appela magnète. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Collection : La Petite Bibliothèque ésotérique
Publication : 4 février 2022
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
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EAN13 eBook [ePub + Mobipocket + WEB] : 9782346147540