Née en Europe, à la fin du XVIIIe siècle, l’idée nationale a été l’une des idées-force de son Histoire dans les deux derniers tiers du XIXe siècle, et dans la première moitié du XXe siècle. Elle y a d’abord exercé une force centripète, en contribuant puissamment à la réalisation des unités allemande et italienne. À la fin de la Première Guerre mondiale, l’idée nationale fut - au contraire - la force centrifuge destructrice de l’empire d’Autriche-Hongrie. L’idée nationale est pourtant sur le point de redevenir, curieusement, une idée-force en Europe. Les Wallons récusent maintenant - en nombre croissant - une Belgique dominée par une majorité flamande. Ils devront vite choisir entre la constitution d’une nouvelle nation, ou l’union avec la France. Ce choix inéluctable, soit accentuera le morcellement de l’Europe, soit y remédiera si les Flamands choisissent finalement de former une grande Néerlande avec les Pays-Bas. La disparition pacifique de la Belgique, qui paraît bien nécessiter que Bruxelles devienne la capitale de l’Europe, évoque irrésistiblement l’éclatement du Canada. Les craintes imaginaires des Québécois, qui redoutaient les conséquences de l’indépendance, expliquent - en grande partie - l’échec du référendum sur la « souveraineté-association » du 20 mai 1980, organisé par le gouvernement québécois dirigé par M. Lévesque. La réforme constitutionnelle de 1982, en déniant la spécificité de la « Belle Province », est lourde de menaces pour l’avenir des Québécois. Le choix qui presse, pour sauvegarder définitivement leur identité nationale, sera grandement facilité par l’éclatement de la Belgique, précédent de nature à décider les hésitants, et même les opposants.