Elle monta se coucher dans la petite cellule qui lui avait été préparée en toute hâte, et qui donnait sur la vallée maintenant endormie dans le bleu de la nuit. Le lendemain matin, le jour entra par la fenêtre ouverte, comme un voleur. Il s'était déjà posé sur tous les meubles et sur le crucifix de plâtre, quand Odile s'éveilla. Elle songea aussitôt que le grand jour, dont elle avait parlé hier à Sœur Antonine, c'était en réalité celui qui venait de commencer et qui arrivait, si pimpant, en mettant du soleil sur les cimes. Mère Saint-Bertrand attendait Odile à 9 heures, dans un salon moisi, éprouvé par un long hiver. Le mur, peint à l'eau, était orné d'un rosaire de buis, que des montagnards pieux avaient offert, jadis, à la maison, en échange de menus services. Les mains crispées sur ses genoux serrés, Odile baissait les yeux dans la position que la tradition attribue à la Vierge de l'Annonciation...