Il est difficile, chacun l’a éprouvé, de parler de son métier à ses propres enfants, surtout lorsque l’on fait partie de cette « machine à éduquer » que constitue le monde clos de l’enfance inadaptée. C’est pourtant, avec les Lettres à ma grande écolière, ce à quoi s’essaie — avec bonheur et esprit de finesse — Claude Mounoud. Les « Lettres » sont suivies d’une présentation des recherches faites par l’auteur — recherches appliquées, ancrées dans une pratique, puisque schémas, jeux, dessins, proposés dans ce livre, ont été expérimentés avec des publics variés, composés d’éducateurs mais aussi de médecins, de parents, de travailleurs sociaux. Les structures d’aide à l’enfance en difficulté, mises en place par notre société d’adultes, ne constituent-elles pas une machine à « aspirer » l’enfance, les enfants, qui ne respecte pas les cheminements individuels imprévus que devrait emprunter une éducation vraie ? Telle est la question capitale de cet ouvrage, qui est susceptible d’enrichir la réflexion de toute personne qui côtoie l’enfance, donc de tout éducateur. Personne n’est à l’abri de la nécessité d’avoir à connaître les institutions qui s’occupent des enfants en difficulté.