Pierre Porthault, ancien de la fameuse 2e D.I.N. A. qui, en 1940, s’illustra en Belgique et dans les faubourgs de Lille, au point que la 6e armée allemande lui offrait les honneurs militaires, le 1er juin 1940, Pierre Porthault a vécu, il y a près de trente ans, une aventure sans doute unique dans les annales. Évadé, pour la sixième tentative, le 3 juin 1942, d’un commando disciplinaire, lui et son camarade arrivent à Nuremberg le 7, totalement exténués. Avec l’aide, conjuguée, de volontaires français du travail et d’un Allemand antinazi, ils réussissent à se faire délivrer d’authentiques faux papiers d’identité par la présidence de police de Nuremberg. Durant quatre mois, ils vont alors vivre en la villa d’un industriel antinazi. Le 2 octobre, ils quittent précipitamment Nuremberg, la Gestapo à leurs trousses. Le 5, ils sont à Paris, le 25, en Zone libre. Commencée en septembre 1939, la Résistance — active — de Pierre Porthault se termina le 25 août 1944, avec la Libération de Paris, à laquelle il participa. Si, en août 1964, soit vingt ans plus tard, le ministre Pierre Messmer lui envoie une lettre, élogieuse, de félicitations, pour sa conduite pendant la guerre, et lui ouvre les portes du Service historique de l’Armée, le même ministre tente, en février 1968, de le faire interner comme malade mental. Saisi de l’affaire, M. Pompidou, alors Premier ministre, ne daigne pas même répondre. En octobre 1969, les douanes bloquent, arbitrairement, plusieurs centaines d’exemplaires d’un de ses ouvrages. Saisi de l’affaire, M. Chaban-Delmas, Premier ministre, ne daigne pas même répondre. En novembre 1970, le général Louisot, commandant de la 2e région militaire, l’insulte d’inqualifiable façon, faisant, par ricochet, retomber ces insultes sur la mémoire des cent mille tués de 1940. En outre, l’ouvrage, apolitique, sur la bataille des Flandres : « L’arrière-garde meurt », est interdit dans les casernes de la 2e région. Saisi de l’affaire, M. Debré, ministre de la Défense, ne daigne pas même répondre, mais interdit tous ses ouvrages dans l’armée. Ayant épuisé le processus, Pierre Porthault est passé à l’attaque.