« L’Église catholique et Israël. Bonne nouvelle : il va falloir clarifier le débat. Et, en même temps, le raviver. Braquer des projecteurs sur celle qu’en tant que Juif israélien, j’entends questionner : l’Église en France. Et savoir d’emblée, qu’en m’adressant à elle, je vais m’exposer à la réciproque. Les formules de courtoisie, et parfois d’amitié, dont vous nous entourez, nous autres Juifs, ne peuvent totalement faire illusion. En fait, vos responsables n’ont toujours pas enregistré la création de l’État d’Israël, et les suites de la guerre des Six Jours vous interloquent. Pourquoi notre religion nous ramène-t-elle à notre terre, alors que la vôtre aspire à l’universel ? Pourquoi notre exil, dont vous vous accommodiez, débouche-t-il sur une espérance nationale que vous avez du mal à comprendre ? Aujourd’hui, votre tendance serait d’insister sur la pause qui deviendrait nécessaire, dans nos relations comme en tous domaines, après la crise conciliaire. Vous parlez aussi de la fraternité qu’il faut en effet garder avec les musulmans, et les Palestiniens en particulier. Très facilement vous pourriez interrompre le dialogue fragile noué après l’holocauste. Mais dans les plus beaux chemins, il ne convient pas de s’arrêter trop longuement au risque de perdre le goût d’aller de l’avant. Ce livre, je le conçois donc comme un appel : reconnaissez-nous enfin comme des Juifs et non comme de mauvais ou de futurs chrétiens, et nous-mêmes, sortant aussi, grâce à vous, des ornières où nous nous enlisons présentement, prierons pour l’épanouissement de votre Église. »